A l’Insu de celle-ci. Kikou habite dans le village, la maison est à cent mètre du magasin et cinquante mètre de la Boulangerie.
Normalement même s’il habite une rue très peu fréquenté, il n’a pas la permission d’aller dans la rue, ni de traîner dans le village, comme le font beaucoup de ses congénères.
Lorsque sa maîtresse n’est pas là, il est enfermé sur la terrasse, et lorsqu’elle est là, la terrasse est ouverte, mais il ne doit pas quitter le jardin, qui n’est malheureusement pas clôturé.
En général , c’est un jeune chien de sept mois obéissant, mais bien évidemment, il est jeune !
Ce matin, monsieur, bravant les interdits, décide de suivre subrepticement sa maîtresse qui se rend à la boulangerie pour acheter son pain. Tout se passe bien tant qu’ils sont dans la petite ruelle, elle ne se doute de rien et ne retourne même pas, persuadée qu’il est en sécurité sur la terrasse de la maison à faire une petite sieste.
La boulangerie se situe sur l’artère principale du village, et le comptoir de vente de celle-ci n’est matérialisé que par une fenêtre avec deux volets qui ouvre directement sur le trottoir de la rue. Pour acheter quelque chose, il suffit de monter deux marches et se présenter devant cette fenêtre.
C’est là qu’était la maîtresse de Kikou, penchée sur son portemonnaie à la recherche des pièces correspondant au montant de son achat, lorsqu’elle entendit un crissement de pneu juste derrière elle, un choc, et le hurlement de Kikou qui paniqué s’est enfui vers sa maison en rampant sur ses deux pattes avant. Le regard stupéfait de la boulangère, à la vue de ce chien hurlant qui courait en rampant ou qui rampait en courant. Le chauffard ne s’est même pas arrêté, écraser un chien ici, cela n’a vraiment pas d’importance, de plus il était pressé.
Lorsque nous avons demandé à la maîtresse de Kikou si elle connaissait le responsable de l’accident, elle a avoué n’avoir même pas regardé la voiture ou le chauffeur, ses yeux étaient rivés sur Kikou qui hurlait en s’éloignant.
Elle nous appelle à l’aide affolée car malgré le fait qu’il soit rentré seul à son domicile, Kikou, depuis est prostré et gémit de temps à autre couché sous la terrasse. Elle ne travaille pas, sa mère a une retraite microscopique, on se rend compte de l’indigence de la famille à la décrépitude de la maison. Mais les chats et Kikou sont bien nourris.
Nous transférons Kikou chez le vétérinaire l’après-midi même, nous étions inquiets car nous n’avions personne pour l’amener là-bas. Mais après avoir demandé à gauche et à droite, nous avons trouvé une bonne âme qui allait sur l’autre village à 70 kilomètres d’ici et qui a bien voulu amener Kikou. Nous ne sommes pas tous toujours disponibles pour les transferts.
Le rapport de la vétérinaire tombe
« Le chien Kikou qui souffre d'une double fracture du tibia droit, disjonction sacro iliaque droite (bassin à reprendre sinon il ne se lèvera plus jamais) et d'une hernie abdominale. »
Le devis est colossal, nous appelons sa maîtresse et lui demandons si elle peut nous aider un peu… Elle se met alors à pleurer… Nous avons compris…
Kikou est opéré deux jours plus tard, il vient à l'AaaC pour terminer son traitement d'antibiotiques pendant huit jours, puis nous le ramenons chez lui, dans le village...
Nous espérons que maîtresse et jeune chien auront appris une leçon !