L’homme est arrivé en voiture et s’est arrêté devant le Refuge, il était 20h30, Nous étions en Janvier/ février 2023…. Il avait une capuche, j’ai eu du mal à le reconnaître, dans la nuit, mais je le connaissais, on va l’appeler Michel….

Il a demandé des croquettes pour petit chien, il a précisé qu’il « n’avait pas de pièces » nous n’ avions pas de petites croquettes, je lui ai donné un sac chien adulte de 18 kg. Il m’a montré Kinder blotti sur le tapis pour pieds du siège passager, Kinder, tout petit tremblant,  avait l’air terrifié, mais il était en bonne santé….

Je lui ai demandé de repasser la semaine suivante, et j’allais lui fournir des « petites croquettes »… Il n’est jamais repassé…. Renforçant mon inquiétude pour Kinder….

C’était il y a presqu’un an, c’est à ce moment là que j’avais commencé à craindre le pire, pour Kinder, connaissant l’homme…..

Plusieurs années auparavant, Michel avait adopté un chien, à l’AaaC, j’étais passé voir régulièrement Jim-Jim, et cela se passait bien. Michel avait une femme, deux enfants en bas-âge, une grande maison à l’écart de la tribu limitrophe,  il vivait de petits boulots, sa femme travaillait dans un magasin du village.

Lors d’un passage pour traiter Jim-Jim, environ sept à huit mois après son adoption, que je me suis rendue compte, que le chien avait maigris et que les enfants et la femme de Michel n’étaient plus là…. Interrogé sur l’amaigrissement du chien, il m’avait raconté que sa femme ne travaillait plus, et qu’ils avaient du mal à joindre les deux bouts, je lui avais laissé deux sacs de croquettes, pensant que c’était temporaire. Et en passant au magasin du village, on m’avait dit, qu’en effet, elle n’y travaillait plus.

Lorsque je suis passée, trois mois plus tard, Jim-Jim était squelettique et ni Michel, ni sa femme n’était là, j’ai embarqué Jim-Jim, et l’ai ramené au Refuge…

Il est arrivé un samedi matin en stop, furieux et m’a demandé pourquoi j’avais repris Jim-Jim, je lui ai expliqué qu’il avait passé un contrat moral avec l’Association et qu’il ne l’avait pas respecté…. Il m’a répondu furieux, que je n’avais qu’à garder « son chien » et qu’ il serait tout à fait capable de trouver d’autres chiens, ce n’était pas ce qui manquait en Nouvelle Calédonie.

Michel, n’était plus le même homme, il était devenu sombre, menaçant et coléreux…….

Il m’avait interdit de remettre les pieds chez lui…..

Sa femme était partie avec les enfants parce qu’il la battait, tout le monde le savait, sauf moi ! Ce n’était pas la première fois, elle avait été exfiltrée du village par les services sociaux (bien endommagée)  et il ne savait pas où elle était……

J’ai vu de loin en loin, au cours des années suivantes, en passant non loin de sa maison, les pauvres bêtes qu’il avait successivement « récupérées », celles-ci finissaient invariablement soit chez son voisin, à deux ou trois kilomètres de chez lui, soit morts au bord de la route, cachectiques, percutés par des voitures.

 …. En fait à chaque fois, qu’il repartait en prison, parce qu’il avait retrouvé sa femme et l’avait de nouveau battue comme plâtre, lorsqu’il revenait à Houailou, il ramenait un ou plusieurs chiens !  Je guettais souvent la pauvre bête et la nourrissais en cachette…. L’homme était trop violent pour que je puisse intenter quoi que ce soit contre lui…..