Décembre 2013
Je l’ai rencontrée pour la première fois en 2007, à cette époque-là, avec mes deux maîtres, Stacy (ma sœur) et moi nous vivions dans un studio de 15m2 dans un quartier de Nouméa.
Elle venait d’acheter un grand terrain près de Nouméa avec une petite maison dessus, elle la proposait à la location, un tout petit loyer, contre l’entretien de la propriété : mes maitres étaient ravis pour nous, qu’elle ait acceptée. Et je crois, je sens, qu’elle a accepté de louer à mes maîtres à cause de Stacy et moi.
Lorsque mes maîtres nous ont acheté Stacy et moi, ils avaient une villa de 300m2 et un jardin de 50 ares à Nouméa. Nous avons grandis là, tous les deux gâtés comme deux enfants. Et puis mon maître a fait faillite (il était chef d’entreprise dans le bâtiment) et nous avons finis dans ce studio du quartier Latin, tous les quatre. Nous étions tristes de ne voir que du béton partout, pas un seul brin d’herbe, mais nos maitres nous adoraient et nous promenaient le plus souvent possible.
Nous avons alors emménagé sur la propriété de la dame, c’était grand, calme avec de la forêt partout, nous gardions la propriété quand nos maîtres partaient travailler à Nouméa. Nous ne roulions pas sur l’or mais nous étions heureux tous les quatre.
Et puis notre maîtresse est tombée malade : cancer : d’abord les intestins, le colon, puis la vessie… Et puis généralisé… Les chirurgiens l’ont découpée petit à petit au fur et à mesure qu’elle s’affaiblissait de chimiothérapies en chimiothérapies.
Notre maître a dû s’arrêter de travailler, pour veiller sur elle et l’amener régulièrement à l’hôpital, et quand elle est morte, il y a trois ans, il s’est retrouvé sans emploi, à force de se rendre disponible pour aller la faire soigner.
Il a cherché de nouveau un emploi, mais il ne voulait pas s’éloigner de Nouméa à cause de nous, il a cherché, cherché, mais n’a jamais retrouvé d’emploi, les employeurs disaient qu’il était trop vieux… Il a arrêté de payer le loyer à la dame, mais elle n’a rien dit et rien fait, nous sommes restés sur sa propriété.
Il y a deux mois, Stacy a été sabrée par un individu qui traînait sur la propriété, notre maitre a dû l’amener en urgence chez le vétérinaire ; la facture s’est élevée à 60 000 Fr Cfp (505 €). Notre maître s’est engagé à en payer une petite partie tous les mois. (Il fait des petits boulots à droite et à gauche, cela nous permet à tous les trois de manger)
Et puis là, début décembre, j’ai ma prostate qui s’est mise à enfler, le vétérinaire a encore facturé 10 000 Cfp (85 €) pour une visite, une radio et des anti-inflammatoires, à mon maître qui n’a pas non plus, pu régler la facture.
La dame est passée par hasard, une semaine plus tard, c’était seulement la troisième fois que je la voyais de ma vie, mais je l’ai reconnue à son odeur, elle m’a caressée et m’a regardé faire pipi, elle a dit à mon maître que j’avais un problème. Il lui a alors raconté mon histoire de prostate, qu’il fallait m’opérer mais qu’il n’en avait pas les moyens.
Elle lui a alors dit que l’Assoc avait un gros déficit, mais qu’on ne pouvait pas me laisser souffrir, alors l’Assoc allait prendre en charge l’opération. On m’opère dans deux jours, je croise les pattes…